OR DONC, par un soir glacial, je revenais d’un tournage qui avait eu lieu quelque part sur la ligne de RER C, bien au delà du périmètre rassurant du boulevard des maréchaux, autant dire carrément en province. J’avais suivi ce tournage en ma qualité de directeur artistique (junior ;) ) et j’avais ramené avec moi mon matos photo pour prendre quelques clichés de l’évènement.

Nous terminons vers 21h, et un des patrons de la boite de prod me ramène gentiment en voiture jusqu’à la gare de RER. Je m’empresse alors de le remercier chaleureusement, tant la probabilité était grande de se faire dévorer par les loups en traversant à pied ces foutus patelins dont les noms finissent forcement en “y”.

Rassuré, je ne cessais de me réjouir du fait que ça ne serait pas encore cette fois-ci qu’un quelconque tenancier de bar des sports retrouverait mon corps démembré au croisement de l’avenue du 8 mai 1945 et de la rue du Général Leclerc, entre le complexe sportif Léo Lagrange et le centre culturel Gérard Philipe.

Voilà donc que peu de temps après mon arrivé à la gare, le RER arrive dans son fracas de ferraille. C’est un RER duplex, de ceux qui font la fierté de notre réseau ferroviaire régional. Je grimpe dans un wagon dont le premier niveau est vide, et décide donc de monter à l’étage (c’est un principe personnel, comme pour les lits superposés).

Là, au fond du wagon, je vois trois types assez imposants, accaparant la totalité d’un “carré” (en réalité 6 sièges disposés en deux rangées de trois), visiblement très à leur aise, l’un d’eux a le pied appuyé sur le siège d’en face. Ils portent des rangers, un treillis noir et un “bombers”. Pour l’heure, ils discutent entre eux et ne semblent pas m’avoir remarqué. Deux d’entre eux sont dos à moi, quand au troisième, je le devine juste car les épaules massives de ses deux compères le masquent à ma vue.

Je crois que je n’ai jamais été une seule fois inquiet dans les transports en commun, et je n’ai d’ailleurs eu aucun problème depuis 15 ans que je les pratique, mais dans cet environnement peu rassurant, sur cette ligne de RER inconnue, de nuit, dans ce wagon vide, et transportant du matériel photo assez cher sur moi, je me suis mis à m’imaginer différents scénarios sur la façon de réagir si d’aventure les esprits s’échauffaient et que trois lascars pesant environ 8 fois mon poids, mais avec des muscles, commençaient à faire mine de bouger.

Subitement, l’un d’eux bouge.

Juste assez pour que je puisse lire le haut du mot “Police” dans son dos.




Notes

Cette petite anecdote n’est pas là pour dire qu’il faut se méfier de la police, ou que celle-ci fait forcement peur, mais plutôt de l’image qu’elle renvoie. Je ne parle pas de ce cas assez spécifique, ou de celui des cowboys de la BAC, ni même de l’attitude de certains policiers, car la grande majorité renvoient une image positive, mais plutôt de l’image renvoyée au sens purement graphique.

Quelle image renvoient les nouveaux uniformes de la police Nationale ? Les blousons style bombers ? Les casquettes souple et difformes, qui ne tombent jamais correctement (deux modèles, qui, je cite la préfecture “sont plus adaptées au nouvelles mission de la police”) ? Quelle image renvoient les écussons exotiques de la brigade anti-criminalité qui s’approchent plus du logo de jacky pour nokia 3210 que d’insignes de forces de police ? (J’invente rien ils ont même Renée la Taupe)

Que dire également de la comic sans MS sur les nouvelles Twizyy livrées cette année ? Et sans parler de telles extrémités déviantes qui confinent à la brutalité policière, que dire de la nouvelle charte graphique de la Police, hideuse avec ses 3 griffes mal ajustées, mal équilibrées, qui ne signifient rien et qui ont sans doute été décalquées avec inkscape un lendemain de cuite ?

Ce nouveau visuel, apposé sur les 307 Peugeot de patrouille, me donne l’impression que la ville des Playmobils a mis sur pied sa propre Police municipale et a ensuite envahi la France.

Tous ces visuels ne sont pas anodins, et plus que toute autre entité, la Police devrait y apporter un soin particulier, Tout comme Lépine avait eu le trait de génie de doter les gardiens de la paix de bâtons blancs pour les rendre immédiatement reconnaissables, il faut que la police Nationale déploie une charte graphique distinctive qui inspire la sécurité et le sérieux, sans essayer de faire des logos “gentils et peu anxiogènes mais un peu quand même”.

La gendarmerie (hors casquette carrée immonde) et certaines unités de police s’en sortent plutôt bien, prenez-en de la graine !

Je suis graphiste, et vraiment, j’ai mal à ma Police.